mardi, juin 24, 2008

If only I could

Je contemple cette page blanche depuis un temps déjà. J'ai envie d'y vider ma tête, d'abattre les idées qui la traversent, de traîner leurs cadavres dégoulinant de sang et de puanteur, de les enterrer ici. Mais elles vont vite, les salopes, trop vite pour que je les bute. J'ai le thorax en ébullition, l'air qui en sort me brûle les narines, mais il faut bien que je respire. Je claque les dents, je croise les orteils, je tape, mais rien n'y fait.
Là dedans, c'est l'effervescence du vide. C'est le néant qui lutte contre le rien, c'est ma cervelle qui se détruit. C'est ma féminité qui déborde, qui délire, c'est ma main qui voudrait lui en coller une. C'est ma conscience qui me ronge, mon doigt qui me pointe, et moi qui me tue à me défendre.
Mon lit n'est plus mon havre de paix. Désormais, il est mon tribunal. Dès que mon corps s'y pose, c'est les portes de l'enfer qui me recueillent. J'ai beau fuir, rêver, imaginer, je n'y échappe pas. Bientôt, le crime me tombe sur les épaules et je suis sans armes ni défense.
Les premiers instants du sommeil sont pour moi un supplice. Je revois toujours la même scène, des escaliers à n'en plus finir, image de ma descente aux enfers. Soudain, je trébuche, et je tombe, je perds le contrôle, et je me réveille en sursaut, je me redresse, violemment, comme un chien qui voit passer un vampire. Je ne sais laquelle des deux visions qui m'effraie: la descente ou la faille. Mais je sais que mon cerveau peine à retrouver la paix après coup, mon esprit, toujours sur ses gardes, sue la peur à se laisser submerger par le repos.
J'ai envie de me transformer en bateau ivre, non pas descendant une rivière, violemment serrée par deux côtes, mais perdu au large, dans un noir absolu, sans astres pour le guider, sans phare pour le rappeler à l'ordre, juste la lune, s'il le faut, pour rêver et nourrir son ivresse. Juste le temps de faire basculer Boule qui habite dans ma gorge désormais, et de retrouver mon sourire niais et insouciant que j'ai de plus en plus de mal à forcer.
"Le rêve est une seconde vie". Ce soir, j'aimerai y être sans avoir à tressaillir. Mais je l'entends déjà dire.. Même pas dans tes rêves, petite.

dimanche, juin 22, 2008

La reine Claude

Pour le moment, j'en suis à rêver de devenir une femme voilée, pas de blanc, non de noir, le corps et le visage cachés, la vue obstruée par un grillage et mes larmes dessous, libres et folles, sans horaire, sans histoire, sans gens pour demander 'ça va?'
Je voudrais me transformer en objet, en bibelot, mais pas en jolie chose devant laquelle on s'extasie, qu'on caresse du doigt ou qu'on soupèse pour voir si c'est du vrai, plutôt en objet transparent, en globe qui fait de la neige quand on le secoue, oublié dans l'entrée d'une maison vide, loin d'un enfant curieux et pressé de le secouer pour en faire observer la neige à ses amis. Je voudrais me transformer en eau de bain ou de fer à repasser pour que ma mort soit naturelle, que je m'écroule parce qu'il le faut, parce que ça se passe comme ça dans les baignoires, ou que je m'évapore petit à petit au dessus d'une planche à repasser gouttant un instant au plafond puis retomber dans un pot de fleurs ou un bocal de poissons.
Je veux bien devenir quelqu'un d'autre si l'on ne veut pas de moi comme objet, faire des ménages, épouser un roi, conduire le métro, commencer des études de chimie, je veux bien tout ce que vous voulez mais d'abord changer de peau et perdre la mémoire.

La reine Claude, Claire Castillon.

dimanche, juin 15, 2008

Au téléphone avec ma tante

- Salut H.
- Bonjour tata. Tu vas bien?
- Bonjour? Tu t'es réveillée à quelle heure? il est déjà 15h passées?
- Euh.. oui je me suis réveillée assez tard, j'étais fatiguée.
- Assez tard? Tu n'as pas envie de te lever, c'est ça?
- Euh.. beauf, vers 11h.. (euh oui bon, elle m'a réveillée, mais c'est salaud de dire ça) non, en fait je me suis réveillée très tôt toute la semaine, j'ai profité de mon seul jour de congé pour faire la grasse matinée. (et sinon, dans une version plus réaliste, hier j'ai dormi à 6h, parce que j'ai fait la fête jusqu'au matin, et tous les soirs de la semaine, parce que voilà )
- Oh, mais c'est grave, 11h, c'est trop! tu dors beaucoup c'est ça? Tu dors toute la journée? Tu te laisses aller c'est ça?
- (euh non, en fait je me suis réveillée à 15h, mais passons) (je dors toute la journée parce que j'enchaîne les nuits blanches en séries) (au passage, je me bourre la gueule des fois, mais je vais pas te dire ça quand même) (sinon, je sors, je me promène, je fais les boutiques) euh.. non pas spécialement.. ça va..
- Et ta voix? tu es malade? ta voix donne l'air déprimé?
- (bon, d'accord, tu es loin d'avoir étudié la psychanalyse, mais, explique moi comment peut on avoir une voix déprimée? le visage, je veux bien, tout pâle avec des cernes dégoulinants, le teint jauni, mais la voix?) euh non, en fait j'ai dû attraper une angine, hier.. je suis sortie sans me couvrir et il faisait assez froid..
- Et pourquoi tu sors sans te couvrir? Tu veux tomber malade c'est ça? raconte moi tout..
- D'accord: je te raconte tout. Je n'ai pas envie de recevoir 10 coups de fil par jour pour savoir si je suis encore en vie. Certes, la seine me tente, mais ça pue, c'est pas le meilleur plan pour passer en enfer. Je ne déprime pas, je n'ai jamais été plus euphorique dans ma vie. Je réalise enfin ce que j'ai voulu avoir. C'est un choix, c'est moi qui ai décidé qu'il en soit ainsi, depuis bien longtemps. Histoire de limites, de confiance, de blabla très compliqué que j'ai pas envie d'expliquer (parce que ce coup de fil dure déjà très longtemps et que ça commence à me gonfler les ovaires) Alors, oui Jef n'est pas tout seul, il ira se saouler chez la madame machin, et pour l'amour de ce que tu veux, laisse moi tranquille, et n'appelle surtout pas ma mère! Pigé?
- Euh.. oui. Je t'embrasse.
- MERCI !

Sans titre

J'ai peur de moi. Peur de ce qui peut émaner de ce cerveau toujours au boulot, boule en effervescence qui ne s'arrête jamais. Peur de tout ce qui peut se raconter dans ma tête, sans que j'en sois l'auteur. Peur de ce qui peut apparaître de cette longue discussion stérile qui se mène entre moi et l'autre, l'autre moi, qui est les autres, qui est autre, qui pense autre, qui répond à l'autre qui est moi.
Je ne veux pas prendre conscience de ma folie. Je sais qu'elle existe, sorte de force enfouie à l'intérieur, sorte de poussée surnaturelle, qui fait de moi une boussole tournant dans tous les sens, sans jamais afficher le nord.
J'ai peur de cette folie. Je vis, je teste, je sens. Je dis de mes accès que ce sont des expériences. Je peux la faire taire, cette folie. Je peux tout faire. Je la connais. Mieux que moi. Je la connais très bien pour lui foutre mon poing dans la gueule. Elle ricane, elle, la pauvre, la mutilée. Mais elle n'y peut rien. Je suis plus forte. Je suis moi, ha!, je frappe, je crie, silencieusement, mais mon dieu ce que je crie fort. Elle aussi elle a peur. Peur de moi. Sans moi, elle n'existerait pas. Elle est ancrée en moi, se mêle, se cache dans tous mes plis. Et elle n'ose en sortir. Elle a honte, ou peur, elle ne saurait se manifester. Je la stoppe, je l'inhibe. Comme je le fais avec moi.
J'ai peur de ma solitude. J'ai peur de ce plaisir fou que je prends à être seule, à savourer ma solitude jusqu'au bout, à l'embrasser jusqu'à saigner des lèvres. J'ai peur de me passer des autres, moi l'égocentrique qui a besoin d'être admirée. J'ai peur que vient un jour où ils n'existeront plus pour moi. Ils ne seront alors que les ombres du passé, des démons du monde extérieur, le monde que je fuis.
J'ai peur alors je m'occupe. Je fais travailler ma cervelle dans des choses qui ne la comblent pas. Elle gémit, elle pleure, mais je la fais taire aussi. Car c'est moi qui commande, cervelle, c'est moi qui dicte les lois ici. J'ai peur alors je fais la course. Laquelle? Avec qui? je ne sais pas. Je cours, je vole, je fais vite, je vais loin. J'ai des moments de répit, des moments de faiblesse où je me roule par terre, comme un enfant qui joue dans la boue. Je prends plaisir à ce rabaissement. Ces choses qui tiennent de l'humain, du réel. J'aime le faire. Et je jaillis comme une fontaine de tout, les larmes se mêlant au vomis se mêlant à mes pensées malsaines se mêlant à mon âme errante, tout se mijote et m'échappe, et me fuis. Alors je m'éveille de mon coma éthylique, et je reprends les commandes. Avec la chaîne et le fouet. Je rétablis l'ordre dans ma tête, et je frustre ma folie révoltée.
J'ai peur. Et je fuis, je ne sais de quoi, ni vers où. Je fuis et je rigole. Je suis essoufflée, mais dans un élan que je ne puis estomper, comme une vague de très loin, me submerge, et je m'y donne.
En fait, j'aime avoir peur. C'est un état d'esprit qui me sied. J'ai été élevée avec la peur dans le ventre, avec tous ces interdits qui s'élèvent comme un édifice inébranlable, la peur s'accroît, devient une foi, une conviction. Une peur de tout, plaisir machiavélique, orgasmique, qui englobe tout, qui bouffe tout.
J'ai peur d'avoir peur.

mercredi, juin 11, 2008

Jef


Découvrez Jacques Brel!