samedi, septembre 04, 2010

C'était plus facile avant !

Je suis lasse de commencer chaque note par plaindre mon manque d'inspiration. C'était quand même plus facile avant. J'avais plus de plaisir à observer les gens et à partir dans des délires, à rencontrer de nouvelles têtes, j'avais des parents qui disparaissaient, d'autres qui perdaient les cheveux, une soeur qui vient pleurer, ça fait deux trois posts par ci par là. Et pour le reste, j'avais un sens de l'humour plus... sympathique. Ma vie était plus remplie, ou du moins j'avais le temps de tout vivre. Aujourd'hui, tout s'emmêle dans ma tête. Tout va si vite que j'ai l'impression de vivre dans le vide. Tout m'échappe. Mes joies, mes déceptions, mes coups de coeur, mes blessures, ma vie. J'ai trop de responsabilités, je trouve. Remplir les papiers, aller à l'administration, parler, faire la jolie, faire à manger, faire la vaisselle, et j'en passe et des meilleures. Tu sais, toutes les choses que personne ne fera à ta place, toutes les choses qui te font tellement chier que tu pleures ta race (ça m'est déjà arrivé de pleurer en remplissant un formulaire sans fin), toutes ces choses d'adultes. Et bah, c'est mon tour, ça me tue, ça me gâche la vie, ça m'étouffe, ça ne me laisse pas le temps de vivre le reste. Car, objectivement, il y aurait matière à écrire des pages. Ce n'est pas facile d'être adulte. Surtout au début. On en reçoit des claques et des baffes et de tout. Et on se relève, et on fléchit pour que ça fasse moins mal, et on se redresse. On ne s'y habitue jamais, ou bien mon cas est problématique. J'ai beau essayé, mais ça me prend toujours par surprise. Les autres sont créatifs, en même temps. Y en a qui t'en veulent, y en a qui te sourient, y en a qui te félicitent, y en a qui t'aiment. On ne sait jamais à quoi s'attendre. Il faudrait avoir vingt mille existences pour satisfaire tout le monde, quand on en a qu'une, on est bien obligé de s'incliner. Bref, je retourne à mes formulaires... Au moins, ça me servira.. ou pas.


samedi, avril 17, 2010

Homeless (2)

Je n'ai pas tout de suite tapoté pour casser le mythe de l'insomnie inspiratrice. Il est vrai que je me suis écroulée comme un vieux sac à merde incapable de finir sa bière. Mais c'était pour donner le temps à mes idées de fermenter pendant le sommeil, ce n'est que stratégique. Et au réveil, je continuais dans ma tête le concept de "homeless".

Ce n'est pas vraiment en fin de soirée que je me sens sans attache. Après tout, arrivée à un certain âge, je ne peux plus résister aux appels de mon lit. C'est physique, je pense. Moi, c'est en sortant. En quittant ce que j'appelle mon trou à rat où rien ne me ressemble. Ce débarras de choses à moi. Ce cache-valise. Ce lit qui ne bougera pas tant que je paie mon loyer. Quelle que soit la haine que je lui porte, le moment de franchir le seuil est fatidique. Je ne sais jamais ce que je dois emporter avec moi, ce que je dois laisser pourrir ici. Tu sais, le moment où tu mets tout dans ton fourre-tout, clés, portable, livre à lire dans le métro, deux lecteurs mp3 et trois écouteurs au cas où il y en ait un qui ne marche pas. Et puis tu prends plaisir, tu mets une seconde écharpe par ci, au cas où il commence à faire froid, un parapluie, au cas où il commence à pleuvoir même s'il a fait 18° toute la journée. Et là, tu regardes ta trousse à maquillage que tu n'utilises jamais, et tu te dis peut-être que j'aurais le temps dans le métro, en omettant que tu as déjà prévu de lire et d'écouter de la musique. Et pourquoi pas me faire les ongles tant que j'y suis. Et si je ne passe pas la nuit chez moi? Va pour un haut de pyjama, une paire de chaussettes et un slip, que tu remplaces aussitôt par un string car ça prend moins de place. Et au moment où tu choisis ta tenue du lendemain, tu as du mal à la faire rentrer et tu te dis qu'il te faut un sac plus gros. Tu enlèves le parapluie, avec un remord qui te démange et tu remets certaines lectures à plus tard. Et si je restais ici finalement?
Je ne reste pas "ici" finalement. Mais je vide mon sac dans une sorte d'hystérie, avec un fond de haine pour moi-même car je serai encore en retard. Et le lendemain, j'accours acheter un sac plus gros, mais aussitôt de nouvelles choses s'ajoutent à la liste, et il n'est jamais bien comme il faut. Il est de plus en plus lourd, et je finis par avoir le rhumatisme des pieds et des mains et du dos, et je me dis qu'elle a raison de gémir ma vieille mamie. Elle n'a que 80 ans, et son rhumatisme s'est révélé avec l'âge. Elle n'a pas eu à errer partout, une valise à la main, un sac sans fond. C'est physique encore, tu sais. Je vieillis.
Et en vidant le sac, je me vide avec. Je franchis la porte en n'emportant rien. Nada. Une sorte d'étagère vide qui veut bien être remplie. Je lis le livre que je trouve là-bas, j'écoute la musique de là-bas, je dors dans un t-shirt deux tailles plus grand, et le lendemain je remets les mêmes vêtements qu'hier. Et alors? Tu trouves que je pue?
Et petit à petit, plus rien ne me tient à coeur. Je laisse tout dans le trou à rat et je reviens le voir pourrir après le weekend. Et je regarde mon exubérance qui traîne sur une vieille photo avec les bords qui se plient, seule dans l'étagère, et je souris avec une petite ride au coin de mon imagination.
Ce n'est pas une fatalité. Mais je serai usée des allers-retours, et un jour je m'installerai peut-être de l'autre côté, en emportant la photo dans ma tête.

samedi, novembre 07, 2009

lundi, octobre 26, 2009

Zapping

6h de zapping mènent à un constat déprimant: on est mal. La seule pensée qui te vient à la tête est de te tirer une balle et d'en finir de ce monde de merde. Je ne rigole pas! En 6h, on a vu:

  • des enfants mourir de faim en Afrique, des enfants mourir du sida, alors que des chiens reçoivent des millions de dollars en héritage,
  • des enfants mourir de la guerre au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, en Palestine, ou simplement finir à la poubelle parce qu'ils n'avaient pas gagné,
  • des émissions bizarres où l'on regarde des gens baiser dans des piscines, chanter comme des casseroles et en avoir plein les poches après, ou encore la voix mystérieuses qui donne des missions telles que courir en string, et les gens sont encore payés après...
  • des cons arriver au pouvoir,
  • la chute des Twin towers et la guerre du terrorisme,
  • des enfants nés handicapés à cause des merdes écologiques faites par les grosses internationales,
En gros, on vit dans un monde où l'espèce humaine est destinée à disparaître dans pas longtemps, à cause de problèmes écologiques, de guerres, de suicides au travail, d'émissions télé bidons qui nous apprennent à 'voter' pour "éliminer" l'autre; sans parler du monde politique qui est une merde à part...
Où va-t-on?
Who cares!
Faites l'amour en attendant, pas la guerre, y en a qui s'en chargent. Ou, au pire, faute d'amour, baisez couvert!

jeudi, octobre 22, 2009

Le paradoxe du comédien

Je ne sais pas pourquoi j'y suis allée. Je n'ai aucun talent en matière de comédie. Je mens très mal, je l'ai déjà dit. Cela se voit tout de suite sur ma gueule quand je mens. Je bégaie, je tremble, mes yeux clignotent. Le mensonge, ce n'est pas fait pour moi. Mais ça m'a toujours fasciné les gens qui mentent. Ils doivent en avoir, de l'imagination, ceux là, du talent pour faire passer. Et moi, je suis assez naïve pour croire à tout. Tant pis. Au diable tout cela. Je tente quand même le coup. J'ai envie de jouer. Je me sens vide, c'est peut être une manière de me remplir. D'avaler un autre personnage, le temps d'un cours. De digérer ses sentiments, ses peurs, ses joies, ses amours. Et le paradoxe du comédien, comment faire vrai alors que tout est faux.

J'avais des petits yeux face au prof. Elle avait une apparence bizarre, une artiste, n'est ce pas, comme tous les autres. Avec un rouge à lèvres qui déborde, très rouge, un collant troué de partout, et des habits qui tombent. Tout est dans le style. Je penserai à garder mes collants qui filent dorénavant. J'aurai peut être l'air de. Je pourrais peut être mieux jouer.

Et puis non, peut être pas. Je suis trop carrée pour faire du théâtre. Je savais que les maths me pourriront la vie pour toujours. Je ne peux pas faire mien un sentiment qui ne m'appartient pas. Je serai trop bête à jouer une Juliette qui rigole alors que Roméo est en train de crever d'amour. Et puis, ça me fait rigoler, moi, Roméo et Juliette. Pourquoi devrais-je mentir? Et puis d'abord, je ne sais pas le faire, ça se sentira, là-bas, sur scène. Et puis moi, j'étais habituée à la musique. Il n'y a rien de plus vrai. Peut être devrais-je arrêter d'essayer de changer, et faire avec ce que j'ai. Ce n'est pas plus mal finalement...

mercredi, octobre 07, 2009

Just in time

Cigarette et dernière gorgée de Martini. Les glaçons ont fini par geler. On n'a rien laissé dans la bouteille, tu sais. A peine assez pour calmer ma nervosité. Je tremble en revenant ici. De peur, peut être, d'excitation. Il y a quelque chose de bizarre, une montée d'adrénaline, que je n'arrive pas à contrôler. Et un sourire, un tout petit sourire qui s'échappe. Qu'est ce que je pourrais te raconter encore?

Nouvelle vie, nouvelle tête, nouveau départ. Rien d'exceptionnel, tu sais. Un peu comme tout le monde, chaque jour qui commence amène avec lui son tas d'émotions et de surprises. Et on replonge dans l'habitude, à chaque fois, on l'invente, on la crée, on la râle, on se fatigue, on s'y plaît. Comment faire autrement?
Je pourrais te raconter le petit glaçon qui est en train de fondre. Cela me fait du martini en plus, des histoires en plus, un sourire qui a tendance à éclater, nerveusement. Je pourrais te raconter la cigarette qui finit, que je n'ai toujours pas arrêté de fumer, que tu m'engueuleras encore et toujours, que j'aurais des microbes de cancer dans les murs de ma nouvelle chambre. J'éviterai d'enfumer ta photo, t'inquiète, ta tronche sera toujours aussi belle, avec l'autre tarée à coté. Et le sourire éclate... Et après?
Blablabla... Je n'ai pas grand chose à dire finalement. A part que j'ai grandi. Je ne me cogne plus aux murs, je me cogne à la vie. Je n'invente plus d'histoires, je les vis. Mes blagues de gamins ne me font plus marrer -il était temps!- mais je suis toujours aussi amoureuse de Mufasa. Mon imaginaire a fini par exister, sans salive au chocolat, mais ça me suffit.
Et puis voilà. Je t'ai résumé ma vie. Et je reblog :)

vendredi, avril 17, 2009

"Qu'est ce que l'hymen?"

Il y a cet arrière goût d'inachevé dans mon éducation. Ces tabouts dont on ne parle jamais, ces discussions qu'on tait, volontairement ou inconsciemment, par peur, par respect. Notre société est un paradis de psychologues. Freud y aurait joui. Les complexes y sont ancrés, solides, imperturbables; pire encore, on ne cesse de les construire, de les creuser, et on se plait à ce goût d'interdit, à ce goût de frustration, d'auto-censure. C'est là notre plaisir quotidien, à se poser encore et toujours les mêmes questions, à avancer à reculons, ne jamais aller plus loin, comme prisonnier dans une cellule sentant la moisissure.
Je m'étonne souvent que ce bout de chair, l'hymen, ait pris des dimensions inégalables, que l'existence d'une femme soit condamnée à le préserver, à le chérir, jusqu'à le diviniser. Qu'il ait suscité des débats infinissables, des lois, des règles, de l'énergie. Des progrès médicaux, jusqu'à essayer de le réinventer. Toute une éducation, tout un processus d'aliénation. C'est quand même infâme ce qu'on impose à la femme. Il y a dans ma tête comme une puissance divine qui m'empêche de jouir. C'est plus fort que moi, ce goût d'interdit, d'infâme, de diabolique.
Il est de mon plein droit de me demander ce qu'est l'hymen. Cette chose m'appartient, elle est à moi comme me sont propres mes yeux, mes narines, mon trou du cul. Je vois mal la société décider à mon insu de ma cécité, il en va de même pour ma virginité. Seulement, elle le fait; elle est plus forte encore que je ne l'aurais jamais imaginé. Elle est là, partout, comme un dieu omniscient, omniprésent, et je ne puis imaginer mon hymen indépendamment de sa présence. Il y a une sorte de cordon ombilical qui les soude, et que je ne peux couper par mes propres moyens. Et jusque là, je continuerai à taire en moi mille et une questions, sur l'hymen, sur l'amour, sur le mariage, sur le désir, sur le plaisir, sur le sexe, sur le pénis, sur le vagin, sur l'hymen encore, sur l'orgasme, sur la souffrance, sur le sang, sur l'honneur, sur le respect, sur la levrette, sur le baiser, sur l'hymen toujours, sur la féminité...

PS. le titre est le début d'un paragraphe dans un livre de F.Boyer, Orphée. Je n'ai pas le bouquin là, mais j'essaierai de le publier (un jour :p)

vendredi, mars 27, 2009

Ne pleure pas

Gamine, quand tu pleurais, elle te donnait à manger. Tu avais une drôle de manière de pleurer. Dès que l'envie te prend, tu le fais, sans retenue, sans gêne, les yeux rouges et le nez qui coule, comme ça devant tout le monde. On lisait dans tes larmes, on a fini par les comprendre, la faim, la fatigue, la soif, l'adolescence, le sommeil, les coups de tête. Tu pleurais de tout et de rien, comme un bébé. Tu es belle quand tu pleures, tu sais. T'as les yeux gonflés, tes beaux yeux noirs s'illuminent, comme une perle. T'as les joues qui s'arrosent, s'empourprent. Tes gestes de colère qui vont dans tous les sens. Ta frustration de ne pas dire ce que tu veux, de ne pas pouvoir crier, tout renverser, ta violence inassouvie. C'est qu'on n'a pas appris à parler dans cette famille, on n'a pas l'usage de la langue, tout passe par les yeux, même les engueulades des vieux, même le rire, même l'amour, on lit tout là-dedans, on en a tous de très beaux d'ailleurs, une panoplie de couleurs, toutes différentes, aussi belles les unes que les autres.

Mais aujourd'hui, ils sont loin, et je suis désarmée. Je suis impuissante, je suis frustrée de ne pas les voir, de ne pas savoir, de ne pas deviner ton envie, ta colère, de ne pas lire dans tes larmes. Je marche depuis deux heures en mâchant mes mots. J'ai la tête qui tourne tellement j'ai parlé, vite, trop vite, j'ai tellement de choses à te dire. Si seulement tu étais là. Si seulement tu pouvais les voir. Si seulement..

Je n'ai pas écrit ce bout de texte pourri pour que tu pleures. Tu sais, c'était un lundi, deux jours après mon arrivée. J'avais déjà passé deux jours à dormir dans ses bras, à parler à ses yeux. Les siens sont uniques, vert miel, un peu irisé, et ils disent toute sorte de choses. Regarde les, tu verras qu'elle va bien. C'est comme ça que j'ai su tenir, moi. Je ne regardais pas plus haut que ses yeux, on n'a pas besoin de voir le reste. Essaye. Tu t'y perdras. Tu n'auras plus envie de pleurer, tu n'auras plus envie de les quitter, pas une minute, pas une seconde. Voilà la technique, au cas où tu en aies besoin. Comment n'y ai-je pas pensé avant?

Je ne l'aurais jamais écrit, ce putain de texte, si je savais. J'ai envie de te serrer dans mes bras, de te laisser me faire tes gros bisous baveux sur la joue, et le cou jusqu'à ce que je commence à hurler, comme d'habitude. Je n'ai pas la langue de voix, ni celle des mots. Je veux te harceler de questions, savoir si tu vas bien, si tu as séché tes larmes, si tu en as parlé à quelqu'un. Je suis impuissante, incapable. Vingt minutes au téléphone sans avoir oser.
J'ai marché pendant deux heures avant de pondre mes mots ici. J'espère que tu le liras bientôt. Arrête de pleurer. Elle va bien, ne t'en fais pas.

vendredi, mars 06, 2009

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Rue du chat qui pêche

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mardi, février 17, 2009

Disparus

Je ne peux pas t'imaginer chauve. J'ai déjà essayé, tu sais. J'ai fermé les yeux, les ai ouverts, pris ta photo entre mes mains, essayé de couper ta chevelure. Je n'y arrive pas. Dès que tes cheveux disparaissent de ma mémoire, mes yeux jaillissent comme une fontaine. C'est plus fort que moi.
Je ne peux pas oublier tes cheveux. Je crois que c'est la partie qui me manque le plus chez toi quand je suis loin. Depuis qu'on arrêté le bisou du matin et le câlin du soir, c'est ma main dans tes poils qui me fait réaliser que tu es là. C'est indigne de toi, je sais, de te réduire à une touffe de poils, alors que tu es tellement de choses, tu es ton sourire, tes yeux, ton cou, tes mains chaudes, tes cuisses pleines de graisse qui tremblent quand tu te dandines. Mais tes cheveux.. c'est tout autre chose. C'est qu'ils sont tellement soyeux.. sans boucle aucune, sans frisottis, sans racines grasses ni pointes sèches, sans brushing, au naturel, mes doigts y retrouvent le calme, et je suis heureuse.
Je fais des cauchemars à les savoir disparus. Je n'arrive pas à t'imaginer vide au dessus, sans ta chevelure, que je n'arrive même plus à nommer, qui devient un interdit, soit, sans la chose. C'est comment alors? Une peau de bébé? Des fesses au dessus de la tête? Tu as mis une perruque? Un bonnet? Comment tu fais pour les laver? Tu les regardes tous les jours? Tu te regardes? Je peux ne pas les voir?
Je deviens dingue. Il y a un arrière de goût amer, chaque fois que j'avale ma salive et j'ai envie de gerber chaque fois que je te vois. C'est moche. Mes doigts sont expatriés, ils sont perdus, je crois même qu'ils ne servent plus à grand chose, elle est où la trançonneuse? Tu es là, devant moi, sans la chose, et je n'arrive toujours pas à t'imaginer. Alors je loge ma tête dans ta poitrine, pour ne plus voir, et je laisse jaillir mes yeux.

mercredi, février 11, 2009

Infinitif

Se rencontrer. Sourire, timidement, doucement, avoir ce regard curieux de l'autre, curieux de tout. Pencher la tête, à droite, à gauche, pour optimiser la réception du son.

Parler. Se raconter, le temps d'un verre, d'une soirée. Se muscler la langue, n'est-ce pas, dire et redire, parloter, de tout et de rien. Sourire, encore, de ces histoires qu'on apprend, de sa curiosité assouvie, se connaître, sourire. Parler encore, de ses expériences, mentir, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, des mensonges de gamins, qui se lisent au bout des lèvres, dans la lueur des yeux, dans le timbre de la voix. Sourire encore, faire semblant, jouer la comédie, y croire, mentir à son tour, se raconter, se vider, se récréer, se souvenir, s'inventer, se raconter. Libérer son cœur, depuis longtemps solitaire, ratatiné par la poussière, baratiner, laisser parler encore, se venger de son passé-silence, faute d'avoir un interlocuteur.

Se rencontrer encore, rencontrer d'autres orateurs, écouter, parler, rétorquer. Se raconter, encore et toujours, rire, sourire, de ses histoires, de ses mensonges.

Et puis, se lasser. De l'autre, des autres, toujours les mêmes, être excédé, fuir, rêver d'autres rencontres, pour se raconter encore. Changer d'oreilles, changer de voix. Se rencontrer encore, se raconter de nouveau, les mêmes histoires, les mêmes souvenirs, sourire jusqu'à en avoir des crampes à force de forcer, apprendre à rire, draguer, se faire draguer, rêver, penser. Se lasser encore, et fuir à jamais.

Exécrer sa solitude, éveiller sa curiosité, faire l'effort, se rencontrer encore, se raconter, se lasser... ETC.

vendredi, décembre 19, 2008

Le roi lion


Découvrez Elton John!

Si je compte bien, j'ai dû voir le Roi Lion 250 fois les trois derniers mois. Sachant que ma première fois c'était quand j'avais 6 ans, cela donne une idée modeste sur l'amour que je porte pour Simba. Il y a des passages que je connais par cœur, je tremble toujours aussi fort au début, quand les animaux s'inclinent devant Simba bébé, je rigole toujours aussi fort quand Zazou est prisonnier chez Scar. Et cela va sans dire que je pleure à chaque fois que Mufassa tombe de la falaise! Non mais!
Quand il y avait les affiches du Roi Lion (la comédie musicale) partout, au métro, sur les bus, je baissais les yeux pour ne pas être tentée, et en rentrant je me tapais Mufassa-tombant-de-la-falaise, en me disant que de toute façon, je serai trop ridicule à chialer devant une salle comble. En plus, je connais toutes les chansons par cœur, alors ça ne sert à rien d'y aller. Mais je ne savais pas que ça allait me torturer une année durant. Alors oui, j'ai fini par céder.
Depuis le temps que j'en RÊVE! Déjà, j'ai passé deux heures à choisir ma tenue. Pour une fois que je vais rencontrer Mufassa en vrai, il fallait bien que je sois sublime. J'ai pris avec moi mes peluches Timon & Pumba (Simba m'a manqué, mais à chaque fois j'oublie de le ramener :( )
J'avais la gorge serrée dès le début du spectacle. C'était si fort. Les animaux ont commencé à défiler, Rafiki, Mufassa, Sarabi, c'était magnifique. Les costumes, les maquillages, les musiques, c'était trop fort. Un spectacle léger, drôle par moments (il faut bien que je respire!) et fort en émotion. Le seul truc qui m'a tapé sur les nerfs, c'était qu'ils avaient changé quelques paroles. Du coup je me sentais larguée par moments. Surtout dans les chansons! Franchement, on n'a pas idée de changer ''L'amour sous les étoiles!"
Et oui, quand Mufassa est mort, j'ai encore chialé comme une môme. Même que j'ai dépassé les mômes parfois. Même qu'à un moment, ma voisine de 5 ans a demandé: "Maman, pourquoi elle pleure la dame?". Même que je l'ai vraiment détestée à ce moment là, parce que d'abord, je suis PAS une DAME! et que je pleure parce que Mufassa est mort bordel! à 5 ans, ça devrait te secouer un peu, non? Merde!
Et maintenant, je vais passer une semaine sous la couette à écouter l'histoire de la vie.
Le Roi Lion, ça craint :/

dimanche, novembre 30, 2008

Le livre sur l'étagère

Tutu rose et demi-pointes. Bonsoir Marie-Claire. Je rejoins le groupe de gamines. François commence à balader ses mains sur les touches du piano, et avec le son qui se répand, nos corps, souples car jeunes, désinvoltes, commencent à s’envoyer en l’air, sans connotation, s’il vous plaît, s’envoyer en l’air au sens premier, sortie de la bouche d’une gamine de sept ans. Contemplez le mouvement : une troupe de fillettes en demi-pointes et tutu rose, au corps agile, sautille ardemment, puis ralentit, fait la révérence, passe en deuxième, tourne en rond, se jette à terre, se relève prestement, fait le salut final, avec le piano qui signe la dernière note. Un souvenir débordant de beauté. La beauté d’un corps de sept ans à peine, sans ride aucune, sans courbure, sans déformation due à l’âge ou au stress. La beauté des lèvres timidement scintillantes, grâce au mini rouge à lèvres piqué dans le sac de maman. La beauté d’un mouvement infantile, qu’on a répété vingt fois dans sa tête comme pour apprendre la table de deux. La beauté d’yeux qui brillent devant maman dans le public qui a soupçonné mon vol mais qui est si fière de sa fille qui se mue avec la délicatesse d’un cygne de Tchaïkovski.

Quinze ans plus tard, je suis dans ma chambre d'interne, et je revois ces images à chaque fois que je lis le titre d'un Elie Wiesel qui traîne sur l'étagère. Un désir fou de danser. Et je souris à la fin du spectacle en me disant : c’est beau une fille qui danse. Car aujourd’hui, je me traîne ce corps fat et lourd qui atteint à peine ses lacets, qui se morfond dans sa paresse. Des fois, l’envie me prend, je mets la musique, je ferme les yeux et je laisse le rythme transpercer mon corps et parler à mes muscles. Alors je bouge, de tous mes membres, de toutes mes parties, dans un mouvement désordonné et hasardeux. Mais bientôt je tombe de fatigue, le souffle me manque. Ce n’est pas la danse qui me lasse, ce sont mes gestes disgracieux, qui vont dans tous les sens, sans beauté aucune. Alors je me dis que je ne serais plus jamais cette fillette de sept ans en tutu rose et demi pointes qui danse sur une valse de Chopin. Et je me replie sur moi même, essayant de noyer ce désir fou de danser.