J'ai peur de moi. Peur de ce qui peut émaner de ce cerveau toujours au boulot, boule en effervescence qui ne s'arrête jamais. Peur de tout ce qui peut se raconter dans ma tête, sans que j'en sois l'auteur. Peur de ce qui peut apparaître de cette longue discussion stérile qui se mène entre moi et l'autre, l'autre moi, qui est les autres, qui est autre, qui pense autre, qui répond à l'autre qui est moi.
Je ne veux pas prendre conscience de ma folie. Je sais qu'elle existe, sorte de force enfouie à l'intérieur, sorte de poussée surnaturelle, qui fait de moi une boussole tournant dans tous les sens, sans jamais afficher le nord.
J'ai peur de cette folie. Je vis, je teste, je sens. Je dis de mes accès que ce sont des expériences. Je peux la faire taire, cette folie. Je peux tout faire. Je la connais. Mieux que moi. Je la connais très bien pour lui foutre mon poing dans la gueule. Elle ricane, elle, la pauvre, la mutilée. Mais elle n'y peut rien. Je suis plus forte. Je suis moi, ha!, je frappe, je crie, silencieusement, mais mon dieu ce que je crie fort. Elle aussi elle a peur. Peur de moi. Sans moi, elle n'existerait pas. Elle est ancrée en moi, se mêle, se cache dans tous mes plis. Et elle n'ose en sortir. Elle a honte, ou peur, elle ne saurait se manifester. Je la stoppe, je l'inhibe. Comme je le fais avec moi.
J'ai peur de ma solitude. J'ai peur de ce plaisir fou que je prends à être seule, à savourer ma solitude jusqu'au bout, à l'embrasser jusqu'à saigner des lèvres. J'ai peur de me passer des autres, moi l'égocentrique qui a besoin d'être admirée. J'ai peur que vient un jour où ils n'existeront plus pour moi. Ils ne seront alors que les ombres du passé, des démons du monde extérieur, le monde que je fuis.
J'ai peur alors je m'occupe. Je fais travailler ma cervelle dans des choses qui ne la comblent pas. Elle gémit, elle pleure, mais je la fais taire aussi. Car c'est moi qui commande, cervelle, c'est moi qui dicte les lois ici. J'ai peur alors je fais la course. Laquelle? Avec qui? je ne sais pas. Je cours, je vole, je fais vite, je vais loin. J'ai des moments de répit, des moments de faiblesse où je me roule par terre, comme un enfant qui joue dans la boue. Je prends plaisir à ce rabaissement. Ces choses qui tiennent de l'humain, du réel. J'aime le faire. Et je jaillis comme une fontaine de tout, les larmes se mêlant au vomis se mêlant à mes pensées malsaines se mêlant à mon âme errante, tout se mijote et m'échappe, et me fuis. Alors je m'éveille de mon coma éthylique, et je reprends les commandes. Avec la chaîne et le fouet. Je rétablis l'ordre dans ma tête, et je frustre ma folie révoltée.
J'ai peur. Et je fuis, je ne sais de quoi, ni vers où. Je fuis et je rigole. Je suis essoufflée, mais dans un élan que je ne puis estomper, comme une vague de très loin, me submerge, et je m'y donne.
En fait, j'aime avoir peur. C'est un état d'esprit qui me sied. J'ai été élevée avec la peur dans le ventre, avec tous ces interdits qui s'élèvent comme un édifice inébranlable, la peur s'accroît, devient une foi, une conviction. Une peur de tout, plaisir machiavélique, orgasmique, qui englobe tout, qui bouffe tout.
J'ai peur d'avoir peur.
dimanche, juin 15, 2008
Sans titre
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6 commentaires:
il est bon de laisser la folie prendre le dessus , de temps en temps... la laisser s'échapper, s'emparer de nous, perdre le contrôle. La folie c'est justement ce qu'il y a de plus beau, parce que ça échappe à nos petites normes trop droites, trop sages. Et puis d'abord les fous sont seulement ceux qui sont persuadés de ne pas l'être.
Whaou! J'admire ! Suuper bien écrit:):))
Franchement déroutant! Je sais que ça ne te rassurera pas mais cette dualité existe en chacun de nous et chacun la gère comme il le peut mais parfois on se laisse aller. Bref j'espère que ça te passera très vite, en attendant il ne tient qu'à toi d'être moins égocentrique parce que tu n'est pas seule et qu'il existe des personnes qui peuvent te comprendre.
mais ... soyons fous !! :D
bah, sinon, si ça peut t'apporter réconfort et force morale, y a pas longtemps, ai lu quelque part que "vous n'entendrez jamais un fou le clamer haut et fort" (j'espere au moins que la reprise est bonne, sinon, tu m'excusera pr ma memoire qui s'effrite) et pis meme, etre ecervelé ça aère un peu un quotidien qui a tendance a etre atone, donc re soyons fous!
Marilyn> :) craaaaazy :p
Sarah> merci :)
iznogood> mouai toi par exemple? :p
coco baboucha> ouais soyons fous!
bon celui la c trop long, dans tout les cas je suis sur que t'es vraiment vraiment vraiment mal barrée :P
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